Répression

 

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Reproduction d’un document montrant la répression anti-communiste dans l’entreprise

16 Juillet 1943

Monsieur .........................

Directeur général de la Société des Forges et chantiers de La Méditerranée

Chantiers de La Seyne/Mer (Var)

 

Monsieur le Directeur Général,

Je vous accuse réception du message au personnel des FORGES et CHANTIERS que vous m'avez adressé et je vous informe que j'en ai donné connaissance à tous les collaborateurs et ouvriers.

En ce qui me concerne, vous pouvez compter sur ma collaboration confiante et le total dévouement aux intérêts de notre Société que j'ai toujours donné à votre prédécesseur.

Permettez-moi de vous rappeler au sujet du dévouement à la Société ce que j'écrivais, il y a une douzaine d'années à M. MAFFERT : lui ayant fait savoir que j'avais pris connaissance du discours prononcé par notre Président du Conseil d'Administration, M. MORITZ, à l'occasion du lancement du “CHEVALIER PAUL” et en particulier du passage où il proclamait que la devise de notre Société était : “dévouement à la Patrie”, et j'ajoutais que la mienne était : “dévouement complet à notre société”, et je n'ai jamais varié.

D'autre part, je n'ai toujours eu qu'une pensée, qui est celle de produire à des prix de revient comparables à ceux des marchés étrangers pour une série importante d'appareils déterminés. J'ai constamment fait tout ce qui est humainement possible, avec le matériel dont nous disposons, pour arriver à des prix de revient mondiaux. C'est cette méthode qui a été appliquée aux grandes séries de pièces de chars d'assaut au cours des années 1938-1939 et 1940 et les résultats, au point de vue financier, ont dépassé nos espérances. Cette prospérité reviendra si le bolchevisme ne s'installe pas en France.

Je vous signale à ce sujet que nos ateliers de MENPENTI étaient avant cette guerre, le centre le plus rouge de Marseille. A partir de 1939, j'ai dû engager une lutte sans trêve, ni merci, avec les éléments communistes de notre Etablissement et j'ai fait condamner 14 ouvriers à des peines variant entre 1 et 5 ans de prison pour menées communistes.

J'ai également profité de l'arrêt des fabrications de guerre en Juillet 1940 et des licenciements qui ont suivi, pour en renvoyer 30 autres.

Il reste actuellement 29 communistes dans nos Ateliers provenant des cellules des Forges et Chantiers. Ils ont conservé l'amour de STALINE et ne cachent pas leur joie lorsque les Russes obtiennent quelque succès.

Parmi ceux que j'ai fait condamner, ils sont sortis de prison et lorsque je les rencontre dans les rues de Marseille, je vois ces regards de haine dirigés vers moi, ce qui me fait penser que la lutte des classes n'est pas encore terminée.

Je n'ignore pas, d'ailleurs, ce qui m’attend si les soviets sortent vainqueurs de cette guerre.

Veuillez agréer, Monsieur le directeur général, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

Le directeur des Ateliers

Signé : DELACOURT

 

 

CONFIDENTIEL

Compte-rendu de l'entretien que nous avons eu le 16 courant avec les Inspecteurs du Commissariat Spécial de la Préfecture

 

Malgré les 18 ouvriers que nous avons fait condamner pour menée communiste à des peines variant entre 6 mois et 5 ans de prison, notre Etablissement a encore un pourcentage très élevé d'extrémistes qui n'attendent que des succès russes pour refaire un nouveau Juin 1936.

Il y a à peine 4 mois, le 6 Novembre 1941, une de nos collaboratrices, âgée de 21 ans, était condamnée pour activité communiste à 15 ans de travaux forcés.

Ce jour, 16 courant, nous sommes avisés par notre Chef-Monteur de PORT de BOUC que 4 ouvriers désignés pour travailler le 15 Mars sur des bâtiments de guerre, n'ont pas exécuté les ordres qui leur avaient été donnés. Ces ouvriers gagnent 150 F pour 7 heures 30 de travail et l'un d'eux, BOYER Marcel, âgé de 26 ans, a déjà fait l'objet d'une plainte de notre part, le 26 octobre 1939, pour freiner la production pendant la guerre.

Marseille, le 16 Mars 1942

Le Directeur des Ateliers

signé : DELACOURT

 

 

LA DIRECTION GENERALE 31 Octobre 1940

SECRET N°41

Nous vous accusons réception de votre secrète du 29 courant au sujet des Etrangers, des ouvrières et des indésirables et nous vous communiquons ci-après les renseignements demandés :

1°) PERSONNEL ETRANGER

Au 27 Juin 1940, nous avions 51 étrangers; nous en avons renvoyé 42 et il nous en reste 9 qui se répartissent de la façon suivante :

a) - 3 Italiens rentrés au F.C.M; le premier en 1929; le second en 1931 et le troisième en 1932.

b) - 3 Tchécoslovaques rentrés aux F.C.M en 1931 et 1932.

c) - 1 Suisse rentré aux F.C.M en 1931.

d) - 1 Turc rentré aux F.C.M en 1918

e) - 1 Yougoslave rentré aux F.C.M en 1933

2°) PERSONNEL FEMININ

Au 27 Juin 1940, nous avions 86 femmes dont les maris étaient mobilisés. Nous en avons congédiées 59 dont le conjoint, démobilisé, a une situation lui permettant de subvenir aux besoins du ménage.

3°) INDESIRABLES

Sur les 63 collaborateurs et ouvrières qui, à notre connaissance faisaient partie de la cellule communiste des F.C.M, 26 ont quitté notre Etablissement de la façon suivante :

14 ont été condamnés à des peines variant entre 6 mois et 5 ans de prison à la suite de plaintes que nous avons déposées;

6 sont actuellement dans des camps de concentration sur notre demande.
2 autres vont faire partie du prochain convoi pour le camp de CARPIANE;

 

Le Directeur des Ateliers

Signé : DELACOURT

 

 

COMITE D'ACTION ANTI-BOLCHEVIQUE

Confidentiel

Monsieur,

Le Capitaine de Vaisseau Paul CHACK, Président de notre Comité, m'a demandé, en vous faisant parvenir cette lettre de vous présenter avec son souvenir, ses sentiments distingués.

Il m'a prié de vous demander un rendez-vous personnel, à votre convenance, pour notre délégué M. de PLANCHE qui vous téléphonera dans quelques jours pour se mettre à votre disposition.

Vous savez que, depuis plus de deux ans que nous luttons contre les éléments terroristes, beaucoup de ceux-ci ont été mis dans l'impossibilité de nuire. Mais il reste encore beaucoup à faire, aussi nous devons continuer et augmenter plus que jamais notre action, actuellement et dans les mois qui vont suivre, où le gouvernement de M. Pierre LAVAL prend les mesures qui s'imposent pour assainir l'état d'esprit alarmant dans lequel nous vivons. Vous savez également que les évènements actuels donnent aux fauteurs de troubles un espoir chimérique qu'il est de notre devoir de juguler avec une énergie particulière. Vous pouvez compter sur nous, toutes les grandes sociétés françaises nous suivent et approuvent entièrement notre action, dans tous les domaines.

Il faut démasquer à l'intérieur, dans tous les milieux, les terroristes qui agissent sournoisement. le Bolchevisme n'a jamais été aussi agissant, guettant le moment propice pour replonger le pays dans des désordres plus graves encore qu'en 1936.

Monsieur DELACOURT

Directeur Forges et Chantiers de la Méditerranée